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jeudi 6 août 2009

Parité hommes -femmes : la France entre l’Estonie et la Lettonie


La parité illustrée par un dessin de Plantu








J'ai trouvé l'article suivant, paru dans l'édition du Monde du 2 juillet 2009 , sur la parité hommes -femmes :

Le remaniement gouvernemental du 23 juin a été fatal à un principe qui figure pourtant dans la Constitution depuis dix ans, la parité. Sur dix-neuf ministres, la nouvelle équipe de François Fillon ne compte plus que quatre femmes : Michèle Alliot-Marie, Christine Lagarde, Roselyne Bachelot et Valérie Pécresse.
Créé en 1995 afin de veiller au respect de l’égalité entre les sexes, l’Observatoire de la parité ne s’y est pas trompé : dès le lendemain du remaniement, cette instance dirigée par la députée (UMP) Marie-Jo Zimmermann « s’étonnait » de la « baisse significative du nombre de femmes nommées ministres ».
Cette entorse à la parité a fait sévèrement chuter la France dans le palmarès des 27 gouvernements de l’Union européenne. Avec à peine plus de 20 % de femmes ministres, Paris est passé, en une journée, de la quatrième à la quinzième place, entre l’Estonie et la Lettonie.
Même si l’on compte les secrétaires d’Etat, la part des femmes reste faible (33 %). « Si l’élection du président de la République, en 2007, a indéniablement marqué une avancée importante, la majorité des femmes se sont vu confier des secrétariats d’Etat plutôt que des ministères, ce qui ne conduit pas à un véritable partage des responsabilités », regrette l’Observatoire.
Au cours de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy s’était pourtant engagé à respecter la parité. Répondant, au printemps 2007, à un questionnaire de l’Observatoire, il avait déclaré que les gouvernements formés durant son quinquennat comprendraient autant de femmes que d’hommes. « Je suis convaincu qu’en 2007 un gouvernement ne peut qu’être paritaire », écrivait-il alors.
Ce fut - presque - le cas pour le premier gouvernement Fillon, qui, sur quinze ministres, comptait huit hommes et sept femmes, mais, au fil des remaniements, la parité est passée au second plan.
Ce peu d’attention portée à la féminisation de la scène politique est le fruit d’une longue histoire. « La France a été l’une des dernières grandes démocraties à donner le droit de vote et d’éligibilité aux femmes », rappelle Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherches au Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences Po. Lorsque le général de Gaulle signe, en 1944, à Alger, un décret précisant que les femmes sont désormais « électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes », les Australiennes votent depuis quarante-deux ans, les Finlandaises depuis trente-huit ans, les Danoises depuis vingt-neuf ans, les Allemandes depuis vingt-cinq ans et les Britanniques depuis seize ans...
Mais le décret de 1944 ne suffit pas à bouleverser les habitudes d’un pays qui, depuis l’instauration du suffrage universel masculin, en 1848, identifie le pouvoir politique au masculin. Lorsque Françoise Gaspard, Claude Servan-Schreiber et Anne Le Gall lancent l’idée de la parité, en 1992, l’Assemblée nationale compte 5 % de femmes... soit moins qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale. « La démocratie représentative fonde sa légitimité sur sa capacité à symboliser la collectivité, écrivent-elles alors. Les femmes et les hommes doivent concourir ensemble, et à parité, à l’organisation de la vie commune. Non pas au titre de la »différence« d’un sexe par rapport à l’autre, mais de leur participation conjointe à l’espèce humaine. »
Consacré en 1999 dans la Constitution de la Ve République, le principe de parité a, depuis, été décliné de différentes manières selon les élections. Pour les scrutins de liste comme les régionales, les européennes ou les municipales dans les villes de plus de 3 500 habitants, la loi impose désormais une alternance hommes-femmes qui garantit quasi mécaniquement l’égalité entre les sexes. Ces règles du jeu ont permis de féminiser certains mandats : 45 % des députés français élus au Parlement européen sont des femmes, comme 48 % des conseillers régionaux et 48,5 % des conseillers municipaux issus de villes de plus de 3 500 habitants.
Les partisans de la parité espéraient que ce mouvement de féminisation finirait par transformer en douceur le paysage politique français. Las, les traditions ont la vie dure... Aujourd’hui encore, les mandats qui ne sont pas concernés par l’obligation paritaire - maire ou conseiller général, par exemple - restent l’apanage des hommes : 90 % des maires de villes de plus de 3 500 habitants sont des hommes, comme 87 % des conseillers généraux. « A ce rythme-là, il faudra attendre plus de soixante-dix ans pour arriver à des conseils généraux paritaires », calcule l’Observatoire de la parité.
L’Assemblée nationale est le symbole même de ces réticences envers la parité. Avec 81,5 % d’hommes au Palais-Bourbon, la France se classe au 17erang européen, entre la Slovaquie et Chypre, loin derrière la Lituanie ou la Bulgarie. Pour favoriser la féminisation de l’Assemblée nationale, la loi impose, depuis 2000, des pénalités aux partis politiques qui ne respectent pas l’égalité hommes-femmes, mais, entre le renouvellement politique et les sanctions financières, le monde politique a choisi : en 2007, le non-respect de la parité a coûté plus de 4 millions d’euros à l’UMP et 500 000 euros au PS et à l’UDF-Modem... « Le pouvoir a un genre », résume la sociologue Réjane Sénac-Slawinski dans un numéro d’Informations sociales consacré à la parité.


Les femmes en Europe : pour quand la parité ?
Les femmes restent encore sous-représentées en politique. Seuls 10 des 27 Etats membres de l'Union européenne dépassent la moyenne européenne de 25,27% de représentation féminine dans les gouvernements nationaux et de 23,94% dans les Parlements nationaux.La situation est meilleure dans les institutions européennes que ce soit le Parlement européen qui comprend 31% de députées femmes ou la Commission européenne avec 10 Commissaires femmes sur 27, soit 37%. Mais là aussi, la parité peut être encore améliorée.

3 commentaires:

  1. La parité c'est bien joli mais ça n'a aucun sens. Il n'y a tout d'abord pas autant de femmes que d'hommes en politique.
    Ensuite, que préférons-nous? Compétence ou parité forcée?
    Cela revient à faire de la discrimination positive. Ce que je déteste passablement puisque cela veut dire embaucher quelqu'un pour sa couleur/ethnie plus que pour ses compétences réelles.

    Soyons tout simplement justes. Si une femme est susceptible et compétente pour être à tel ou tel Ministère j'ose espérer qu'elle aurait été choisie plutôt qu'un homme (à condition qu'il soit moins ou aussi compétent qu'elle). Choisir une femme pour simplement obéir à cette loi ridicule ne rime à rien.

    Pourquoi pas des quotas liés aux religions et aux origines ethniques pour bien respecter la société française...

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  2. La parité ,c'est bien , mais la parité à tout prix ,et surtout pour respecter des "quotas", ça ne signifie plus rien ,je suis d'accord avec toi dans ce sens .
    La race,la religion,le sexe, le nom de famille ,etc ,doivent passer après les réelles compétences et la valeur d'un individu .
    Effectivement , en tous cas en France (je ne sais pas dans les autres pays d'Europe), il n'y a pas autant de femmes en politique que d'hommes . Mais cela tend à changer (comme en médecine d'ailleurs , il y a désormais beaucoup plus d'étudiantes en médecine que d'étudiants , c'est impressionnant !).
    Je pense que la loi sur la parité a été faite pour donner une réponse au combat inlassable des féministes françaises et européennes . C'est une très bonne mesure ,car il fût une époque où les femmes étaient complètement mises à l'écart de la politique , et de certains postes importants auxquels seuls les hommes avaient accès .
    Pour moi ,le plus important n'est pas le respect du nombre de femmes par rapport aux hommes ,c'est plutôt la possibilité pour les femmes d'accéder aux postes les plus importants sans ségrégation liée au sexe (par ex ,on n'embauchera pas une femme à cause des congés maternité ou des congés pour enfant malade ,etc ...).
    Pour moi, la parité , c'est ,à diplôme égal , une égalité de recrutement -hommes /femmes -
    (dans tous les secteurs , politiques ou autres ), sans aucune discrimination de quelqu'ordre qu'elle soit !
    Cet article m'a plu ,car il est prétexte à élargir le débat , et c'est ce qui se passe .

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  3. La Lettonie parmi les pays du monde aux plus fortes proportions de femmes en postes de direction (41%). En Europe, les Etats baltes sont en tête ...
    http://www.lettonie-francija.fr/equilibre-homme-femme-direction-entreprises-743?lang=fr

    La Lettonie championne d’Europe pour l’équilibre homme-femme parmi les dirigeants d’entreprises.

    Dans le monde cette proportion a augmenté de près de 12% contre 10% l’année dernière et seulement 5% en 2012. Pas de quotas pour les femmes lettones qui occupent plus souvent un poste de direction que dans le reste du monde (41%), une proportion parmi les trois plus fortes selon l’étude Grant Thornton International.

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